Alaso ! Crient les féministes en Haïti

Article : Alaso ! Crient les féministes en Haïti
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24 août 2022

Alaso ! Crient les féministes en Haïti

Crédit : Nègès Mawon

L’organisation féministe Nègès Mawon œuvrant pour la pleine émancipation des femmes a présenté la revue bilingue Alaso le 18 novembre 2021. Alaso, justement dans la lignée du journal « La voix des femmes », créé en 1935, est un espace créé par et pour les femmes de divers horizons pour faire retentir leur voix.


Devoir de mémoire. Pour marquer le 18 novembre et le 03 avril, deux dates importantes dans l’histoire d’Haïti, l’organisation féministe Nègès Mawon a présenté deux numéros de sa revue. Ces dates renvoient toutes à un acte de soulèvement contre un ordre d’exploitation et de domination. L’organisation féministe Nègès Mawon, consciente de la problématique du genre en Haïti, les a choisis afin de renouveler leur engagement dans la lutte contre ce même ordre sexué et socio-économique qui perdure.

https://asfcanada.ca/medias/le-feminisme-haitien-portrait-dun-mouvement-fort/

Credit: Nègès mawon

Cri de resistance



Alaso est une radiographie de voix. Des voix qui étouffent. Des voix à bas bruit. Des voix qui sombrent dans le chaos. Des voix tristes et sans secours. Des voix désespérées. Alaso ! crient des féministes. Ces cris viennent de divers horizons et de diverses couchent sociales. Ils constituent une réaction non seulement à un ordre socio-politique qui pèse lourd sur les femmes haïtiennes mais aussi aux opinions qui soutiennent que le mouvement féministe en Haïti est dépourvu de base théorique. Les militantes prouvent encore une fois que ce mouvement ne se résume pas à un militantisme acharné sur le terrain, qu’il s’accompagne aussi d’un travail théorique.


Cette revue est réalisée grâce aux contributions d’une dizaine de femmes. Toutes évoluent dans le domaine de la culture et de la science. Son premier numéro a pour thème: Rezistans/Résistance et le dernier : Fwontyè/fronstière.

Un cri inclusif


Les deux numéros témoignent le caractère inclusif voire intersectionnel du mouvement féministe haïtien. Le texte de Rebecca Bruny, étudiante en philosophie à l’Ecole Normale Supérieure, le prouve.
Rebecca livre le quotidien difficile de Gaby la lumineuse qui est un transgenre, féministe et membre de l’organisation Kouraj . Son récit montre de fond en comble la prise en compte des autres catégories minoritaires dans le mouvement.
Un second texte dans le premier numéro témoigne aussi ce caractère inclusif. Celui-ci est l’œuvre de Laura Louis. Dans ce travail, La journaliste met en lumière la situation des femmes dans les usines. Elle prend l’exemple d’Anne-Rose pour illustrer ce problème. Anne-Rose accablée par le chômage s’était débrouillée pour trouver une place dans l’usine. Arrivée dans ce travail, elle n’avait pas pris le temps pour être consciente des maltraitances et des mauvaises conditions sanitaires qu’elle et ses consœurs y faisaient face. Elle a choisi de lutter avec acharnement pour améliorer leur condition de travail même après sa révocation.
En plus d’une projection sur l’apport de la militante dans la lutte pour améliorer les conditions de travail des ouvriers, ouvrières ,la revue Alaso nous invite à comprendre qu’on ne peut pas analyser la situation et condition des femmes haïtiennes sans prendre en compte des facteurs socio-économiques qui sous-tendent leur subordination. De ce fait, cette revue donne écho aux cris des ouvrières et lève le voile sur leur appauvrissement.
Le dernier texte de Johanne Joseph s’inscrit dans cette même lignée. En tant qu’ancienne commerçante, Johanne, avec originalité et soin, expose la situation des Madan Sara en Haïti. Entre les lignes, elle nous dit leur cri, leur colère, leur espoir pour nous faire entendre leurs lamentations. Colère contre les groupes armés qui les rançonnent au quotidien; contre les autorités qui, au lieu d’améliorer leur sort, s’ajoutent à leur misère.


Alaso avec ces deux numéros constituent une halte là des féminismes en Haïti. Une halte là des femmes prostituées, des homosexuelles, des ouvrières, des madan-sara et consorts. Alaso, un appel au rassemblement. Un cri pour hurler, lever les tabous, traverser les frontières afin de nous libérer du joug Hétéro-patriarcal.

https://muselles.org/avec-alaso-neges-mawon-entend-revitaliser-la-pensee-feministe/

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