Depuis Port-au-Prince…

Article : Depuis Port-au-Prince…
Crédit:
17 octobre 2023

Depuis Port-au-Prince…

Photo by AMISOM

Port-au-Prince, le 18 octobre 2023

Chère Fatou,

Il est 11h, et c’est depuis Port-au-Prince que je prends le temps de t’écrire. Je me trouve actuellement sur le campus de l’université, et l’ambiance ici est tout sauf rayonnante. Les couloirs sont étrangement déserts, et les salles de classe semblent bien vides. L’insécurité gangrène notre capitale. Beaucoup de nos camarades ont choisi de laisser derrière eux leurs études pour se rendre en province, voire à l’étranger, que ce soit en France ou aux États-Unis, grâce au tant évoqué  « Programme Biden » ainsi nommé par les Haïtiens. Cette expression est désormais sur toutes les lèvres en Haïti. Chacun se demande, à qui que ce soit : « Ou pa nan Biden? » Le nom du président des États-Unis est devenu un sujet de conversation incontournable ici, et certains artistes ont même composé des morceaux pour rendre hommage à ce programme. Mais, trêve de bavardage.

LIRE AUSSI

Dialogue interrompu

Comme je te le disais, l’ambiance à l’université est des plus sombres. Dans le regard de mes camarades, on peut lire le désarroi et l’incertitude qui se profilent à l’horizon. Les conversations tournent invariablement autour de la migration, de la nécessité de chercher de nouvelles opportunités ailleurs. Pour ma part, assise dans un coin isolé, je me sens moi aussi submergée par cette confusion ambiante. J’ai fini par prendre mon ordinateur portable pour rédiger cette lettre. Je n’avais pas de sujet précis en tête au départ, mais une fois mon ordinateur ouvert, j’ai été saisie par une envie irrépressible, une sorte de rage de tout partager. Je souhaite faire écho à ma réalité et à la souffrance qui émane de mes camarades. Cependant, je t’assure, je ne veux pas te plonger dans la mélancolie.

Parlons un peu de toi, ma sœur. Comment vas-tu de ton côté ? Comment se déroule ton aventure sur ton blog ? Oops ! Je dois déjà te quitter. Il est 11h45, et Dieu soit loué, le professeur a bien daigné venir aujourd’hui. Nous devons tous nous dépêcher d’entrer en classe, car tu sais : il peut se piquer une crise et rentrer chez lui. À plus !

Avec toute mon affection,

Emilie

LIRE AUSSI

Tatie, je suis fatiguée d’être femme…

Étiquettes
Partagez

Commentaires